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Interview chez BFM Marseille

À l’occasion de la semaine de l’industrie, Raynaut Escorbiac, président de INERSIO France Immersive et ambassadeur des Forces Françaises de l’Industrie (FFI), était l’invité de Sophie Hébrard et de Laurence Bottero dans l’émission Marseille Business sur la chaîne de BFM Marseille. Il donne son éclairage sur l’état de l’industrie en Provence.

Sophie : Bonjour Raynaut Escorbiac, vous êtes le représentant en Provence des Forces Françaises de l’Industrie.

Raynaut : Bonjour !

Sophie : Pour commencer, quel est l’état de santé des industries dans la région ?

Raynaut : Je dirais : pas trop mauvais, surtout sorti d’une crise un peu dure, mais qui a été quand même bien soutenue pendant cette période compliquée. Je m’aperçois que finalement, passé cette crise, la plus grande difficulté est aujourd’hui l’emploi puisqu’elle redémarre fortement, la demande s’est accrue, la demande « Made In France » s’accroit de plus en plus, du coup il va falloir encourager la reprise concernant l’emploi.

Laurence : Alors justement, 70 000 emplois seraient à pourvoir en France dans l’industrie, ça vous paraît être une bonne nouvelle ? Ça veut dire que l’industrie recrute, comment faut-il faire pour faire venir les jeunes talents dans l’industrie ?

Raynaut : On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide.

Laurence : On va le voir à moitié plein si possible.

Raynaut : C’est plutôt une excellente nouvelle. Comment faire ? Il va falloir redorer le blason, dans un premier temps, de l’industrie parce que pendant 30 ans, ça a été quand même assez décrié, on ne savait plus ce qu’était l’industrie française.

Laurence : Plutôt sale, polluante, difficile avec des charges lourdes …

Raynaut : Absolument, c’est plutôt l’image qu’on en avait, et l’idée c’est de montrer qu’aujourd’hui les industries se sont quand même grandement réformées, modernisées, parfois robotisées. La charge lourde dont vous parliez n’existe quasiment plus et tant mieux d’ailleurs. Maintenant il va falloir montrer ça à tout le monde : aux parents et aux jeunes. Il va falloir aussi peut-être comprendre que nous ne pouvons pas rester un pays que de tertiaire ou de tourisme.

Laurence : Effectivement. Alors on parlait justement de relance, de reprise, le plan de relance a un gros volet industriel. Il y a 521 projets qui ont été soutenus dans la région depuis un peu plus d’un an à peu près, depuis le lancement de ce plan de relance. Est-ce que cela peut pousser les entreprises à moderniser leurs outils industriels, à aller vers l’innovation aussi ? On parle beaucoup de l’industrie 4.0 qui, pour résumer, est une industrie exportatrice et une industrie modernisée. Est-ce que cela n’est pas aussi un levier pour montrer que l’industrie a changé et faire venir plutôt des « data scientists », tous ceux qui sont du monde numérique, vers un secteur encore perçu passéiste ?

Raynaut : Les ingénieurs, les « data scientists », etc. ne voudront pas du monde de l’industrie. Ce qui va être problématique, ça va plutôt être la main d’œuvre parce qu’on continue à avoir des usines, et ce n’est pas un gros mot. Il va falloir peut-être expliquer cela aussi à l’école, le démystifier. Vous avez à plusieurs reprises dit « montrer ». En effet, il se trouve que j’ai fondé Inersio et France Immersive pour montrer de l’intérieur ce qu’était une industrie française, ou également les savoir-faire français puisqu’en vidéo 360 interactive sur franceimmersive.com, on va pouvoir « dédramatiser » j’allais presque dire, certaines industries et 4.0 en particulier, c’est vraiment riche. C’est une industrie propre, moderne et modernisée, et en plus de cela on va pouvoir se promener, avec qui on est, sur soi, surtout quand on exporte, c’est-à-dire quand on se promène dans le monde entier.

Sophie : C’est ce que l’on voit à l’écran. Regardez ! Expliquez nous, c’est votre appareil qui permet de faire des visites virtuelles autonomes dans vos usines ?

Raynaut : Exactement ! On le voit à l’écran. Et ce que nous avons proposé c’est aussi quand le chef d’entreprise, les directeurs commerciaux, en tout cas les représentants de l’entreprise se promènent partout en France et dans le monde, ils peuvent emmener vraiment dans leurs poches. Je vous ai emmenés quelques usines, ça ne rentrait pas sur le plateau, du coup on les a miniaturisées, mais on promène réellement dans l’industrie et c’est important car aujourd’hui l’industrie ça se visite, le tourisme industriel a le vent en poupe et le tourisme industriel, c’est aller voir les industries. Je vous encourage à y aller en vrai, quand on ne peut pas y aller en vrai, on y va d’une manière un peu numérisée.

Sophie : Là on est où par exemple ?

Raynaut : Alors ça va aller très vite, mais là par exemple on est dans un vignoble, on va pouvoir voir les vendanges. Les vendanges c’est 15 jours par an, sur 52 semaines c’est extrêmement peu. Et puis là on est chez GRDF qui fabrique du gaz vert. Le gaz vert, je ne sais pas ce que c’est, mais quand je visite une centrale de méthanisation bio, j’apprends à comprendre.

Laurence : On parlait donc des jeunes, je reviens sur ce sujet parce que le gouvernement a aussi lancé une campagne de communication via Snapchat. Est-ce que les réseaux sociaux, à l’image de TikTok qui est parfois regardé par plusieurs entreprises, sont aussi un moyen supplémentaire ? Parce que l’école c’est bien, montrer à travers de la réalité virtuelle c’est bien aussi, mais les réseaux sociaux ont finalement une force de frappe qui est assez considérable.

Raynaut : J’en suis certain, j’en suis sûr. Je pense que pour parler aux jeunes, il faut parler leur langage. Je vais pas faire le jeune ici, sinon je vais me faire reprendre par certaines personnes de ma famille, mais il faut parler leur langage. Snapchat c’est leur langage. Si on vous dit qu’une vidéo institutionnelle est regardée que 20 secondes en moyenne, il faut créer un format court de 20 secondes. La différence entre une visite immersive et un format court, c’est que le format court il leur parle. La visite immersive va peut-être parler aux parents ou aux consommateurs. Et je trouve que c’est une bonne chose qu’essayer d’aller chercher la ressource là où elle est.

Laurence : Est-ce que l’industrie française s’exporte ? On parle beaucoup de relocalisation ou de localisation, de réindustrialisation, mais est-ce que l’industrie française s’exporte ?

Raynaut : Je discute avec des industriels aujourd’hui qui me disent que leur carnet de commandes est plein, qu’ils ne peuvent pas fournir l’intégralité de la demande. C’est quand même dingue parce que je ne me souviens pas qu’on m’ait dit ça une fois en France.

Laurence : On en revient aux problématiques d’emploi.

Raynaut : D’emploi et de livraison. De matières premières. Aujourd’hui on a un vrai sujet sur les matières premières. Et oui, ça s’exporte. Ça s’exportera d’autant plus qu’on ne pourra fournir le produit fini. En effet, je pense que le gouvernement doit agir à ce niveau-là également.

Sophie : Vous parliez des jeunes tout à l’heure : qu’est-ce qui est fait au niveau des femmes ? On les sait moins nombreuses dans le monde de l’industrie.

Raynaut : Plus pour longtemps j’espère. Comme vous l’avez dit Laurence, je suis ambassadeur des Forces Françaises de l’Industrie en Provence et j’ai cette volonté qu’il y ait autant d’hommes que de femmes dans le mouvement, en tout cas en Provence. Pourquoi ? Parce qu’il y a de plus en plus de femmes cheffes d’entreprises déjà, et de femmes qui osent reprendre l’entreprise familiale dans certains cas, mais aussi c’est un peu le papa qui a évolué : il y a 30 ans il cherchait un garçon autour de lui pour la transmettre.

Sophie : Il veut bien faire confiance à sa fille.

Raynaut : Exactement ! Et surtout elle est souvent beaucoup plus forte que beaucoup d’hommes, avec un certain nombre de sensibilités, sans rentrer dans la caricature d’ailleurs, mais aujourd’hui je constate qu’il y a beaucoup de femmes cheffes d’entreprises et personnellement j’aime bien travailler avec, c’est clair.

Laurence : La mixité dans l’industrie, il y a encore des progrès à faire.

Raynaut : C’est certain.

Sophie : Pour terminer rapidement, quels sont les atouts de la région, mais plus précisément des Bouches-du-Rhône pour attirer des industries dans ce projet de réindustrialisation ?

Raynaut : Alors déjà, on a toujours été un département et une région industrielle.

Sophie : Quels types, précisément ?

Raynaut : Des types ancestraux, le savon de Marseille par exemple c’est extrêmement connu et il n’y a pas que ça. Aujourd’hui nos atouts sont géographiques, on est gâté dans notre région, il y a un port, des infrastructures, il y a des encouragements politiques, des encouragements financiers. Je pense que le confinement a mis en exergue le fait de délocaliser dans nos régions, et on est une des plus belles régions de France s’il en est.

Sophie : Merci beaucoup Laurence. Merci d’avoir été l’invité de Marseille Business.

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